Monstres by Admin

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Auteur:Admin [Admin]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2010-09-02T04:00:00+00:00


MONSTRES SUR ORBITE

PREMIÈRE PARTIE

LA STATION ABERCROMBIE

I.

Le portier, un costaud à l’air dur, avait un visage chevalin et une peau malsaine, tel du zinc corrodé. Deux jeunes filles lui posaient des questions malicieuses.

Jean, une autre jeune fille, le vit grommeler d’un air évasif. « Restez dans le coin, ajouta-t-il. Je ne peux pas vous donner de tuyaux. »

Il fit signe à la voisine de Jean, une blonde très élégante. Celle-ci se leva d’un bond ; il lui ouvrit la porte coulissante. La blonde s’empressa de franchir le seuil, et le panneau se referma derrière elle. Elle avança timidement, s’arrêta net. Un homme installé dans un vieux canapé de cuir à l’ancienne la regardait calmement, les yeux mi-clos.

Sa première impression fut qu’il n’avait rien d’effrayant. Il était jeune – vingt-quatre ou vingt-cinq ans. Quelconque, estima-t-elle, ni grand ni petit, ni trapu ni maigre. Il avait des cheveux d’une couleur indéfinissable, des traits dépourvus de distinction, des vêtements discrets, neutres.

Il changea de position, écarquilla les yeux l’espace d’un battement de paupières. La blonde ressentit un pincement au cœur. Elle avait pu se tromper.

« Quel âge avez-vous ?

— J’ai... vingt ans.

— Déshabillez-vous. »

Elle le dévisagea ; les articulations de ses mains crispées sur son sac blanchirent. Une intuition subite lui vint ; elle prit une rapide inspiration. Obéis-lui une fois, cède-lui une fois, et il sera ton maître aussi longtemps que tu vivras.

« Non... NON, je refuse. »

Elle tourna vivement les talons et se dirigea vers la porte. Il lança d’une voix sans émotion : « Vous êtes trop vieille, de toute manière. »

Elle écarta brusquement le panneau et traversa l’accueil d’un pas rapide, sans regarder à droite ni à gauche.

Une main se posa sur son bras. Elle s’arrêta, baissa les yeux vers un jeune visage noir de jais, rose pâle et ivoire qui exprimait vitalité et intelligence : deux yeux noirs, de courts cheveux sombres, une magnifique peau claire, une bouche dépourvue de tout maquillage.

« Qu’est-ce qui se passe ? demanda Jean. De quel genre de travail s’agit-il ?

— Je l’ignore, dit la blonde d’une voix tendue. Je n’ai pas attendu pour le savoir. Rien de bon. » Elle se détourna et sortit par la porte d’entrée.

Jean se laissa aller en arrière dans le fauteuil, pinça les lèvres avec curiosité. Une minute s’écoula. Une autre fille, les narines largement dilatées, sortit du bureau et se dirigea vers la porte en regardant droit devant elle.

Jean esquissa un sourire. Elle avait une large bouche chaleureuse et expressive, des dents petites, blanches, pointues.

Le portier l’appela du geste. Elle se leva et entra.

L’homme tranquille la dévisagea, une cigarette aux lèvres. Un tortillon de fumée argentée montait le long de sa joue et se diluait dans l’air au-dessus de sa tête. Il y a quelque chose d’étrange dans son immobilité complète, se dit Jean. Il est trop tendu, trop ramassé sur lui-même.

Elle mit les mains derrière le dos et attendit, étudiant son interlocuteur avec attention.

« Quel âge avez-vous ? »

C’était une question qu’elle trouvait sage d’éluder, en général.



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